Viens ici que je t’embrasse

OP DE BEECK Griet

Au Pays-Bas, la jeune Mona essaie de se reconstruire quand son pĂšre se remarie rapidement aprĂšs la disparition accidentelle de sa mĂšre. Accommodante, obĂ©issante, indispensable, elle s’oublie dans le souci des autres. Il en ira de mĂȘme dans sa vie de dramaturge humiliĂ©e, de compagne d’un Ă©crivain Ă©goĂŻste. Cependant, les Ă©changes avec son pĂšre mourant, ses rĂ©vĂ©lations vont lui ouvrir le champ de tous les possibles.  D’une Ă©criture rapide, nette, la narratrice s’exprime Ă  la premiĂšre personne. Les chapitres Ă  la chute inattendue, habile et efficace, relatent chronologiquement, de 1976 Ă  2002, sa vie dans l’entourage familial. Observatrice distanciĂ©e, elle dessine avec une perspicacitĂ© cruelle, rĂ©aliste et parfois humoristique, les caractĂšres de chacun, s’auto-analyse sans concession. Elle souligne le poids des silences et des non-dits, les dĂ©sastreux conflits conjugaux et maladresses maternelles, les secrets mal enfouis. Et le milieu du thĂ©Ăątre n’est pas Ă©pargnĂ© par la romanciĂšre (Bien des ciels au-dessus du septiĂšme, NB juillet-aoĂ»t 2017). Fort et dur, ce beau roman sensible et d’une tendresse palpable se clĂŽt par le rĂ©cit, difficilement supportable, d’une mort libĂ©ratoire, re-crĂ©ation d’une fille qui ose enfin prendre possession d’elle-mĂȘme. (A.C. et B.T.)