Cet été-là

MARTIN Lee

Un soir d’été, ou plus exactement le 5 juillet 1972, dans une petite ville comme tant d’autres de l’Indiana, Katie enfant choyée d’une famille de notables, disparaît et reste introuvable malgré d’intenses recherches.  La fillette de neuf ans était partie rapporter des livres à la bibliothèque voisine ; seul son vélo est retrouvé… L’enquête s’oriente très vite vers un coupable présumé, un quarantenaire au passé et au comportement douteux, récemment installé et peu apprécié dans son quartier. Sous le choc, la population continue de s’interroger sur l’entourage de la petite victime, en particulier sur son répétiteur pendant les vacances, un professeur de mathématiques solitaire et difficile à cerner. Ses frustrations affectives, son amour pour les enfants, créent un certain malaise. Est-il aussi doux et innocent qu’il paraît ? Et quel rôle a joué la femme du principal suspect qui, libéré sous caution, a disparu à son tour ? Trente ans plus tard certains se souviennent de cet été-là… Avec beaucoup d’habileté, Lee Martin construit autour de ce fait-divers une analyse au scalpel des comportements humains dans leur insondables ambigüités. Où sont les bons et les méchants quand s’expriment tour à tour les protagonistes ? Que cachent les mensonges des uns et des autres qui, pour de multiples raisons, souvent poignantes, peinent à dire toute la vérité ? L’auteur connaît personnellement ce contraste entre la tranquillité apparente de ces petites villes du Midwest au début des années soixante-dix et ce qu’elles recèlent d’étroitesse d’esprit, de cloisonnement social, d’écrasement des plus humbles face à l’assurance des puissants et de l’argent-roi. Peinture de moeurs de l’Amérique profonde et relativement intemporelle, ce roman –-plus sépia que noir – où la nature tient une large place, est également un thriller. Des détails abondent, multiples touches minuscules et cadencées, installant tout doucement la nostalgie, le trouble puis le suspense. Un livre impossible à lâcher, difficile à oublier.  (P.B., M.O. et C.G.)