L’innocent

Au tournant des années soixante-dix, Christophe est un adolescent précoce, pressé de sortir de l’enfance. Il vit à fond l’indépendance que lui concèdent des parents séparés assez peu soucieux de leur fils. De vacances tropéziennes en séjour linguistique outre-Manche, il tombe amoureux de toutes les filles qu’il rencontre avec une préférence pour celles qui sont plus âgées que lui. Les garçons ne le laissent pas indifférent non plus. En toute innocence, le jeune Christophe se cherche éperdument partout : sexe, politique, musique, théâtre…  Dans ce roman d’apprentissage, Christophe Donner (Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive, NB novembre 2014) renoue avec l’autofiction. Deux points de vue narratifs alternent et se complètent : celui du héros (au présent, à la troisième personne) et les souvenirs de l’adulte qu’il est devenu (au passé, à la première personne). Avec le recul, le narrateur porte un regard objectif et amusé sur les obsessions du jeune garçon charmeur et effronté, livré à lui-même. L’écriture séduisante et la construction habile évitent les écueils du nombrilisme, de l’auto-apitoiement et du règlement de comptes. (T.R. et S.La.)