Fils du feu

BOLEY Guy

Jérôme est un observateur fasciné du travail titanesque de son père, ferronnier d’art. Il grandit dans un monde d’hommes rudes, peu éduqués, parfois violents, et de femmes usées par les tâches ménagères et les deuils. Le progrès signe bientôt la fin de la forge, ferme les ateliers du dépôt ferroviaire voisin et remplace les lessiveuses par des lave-linge. Adolescent, Jérôme se réfugie dans la découverte solitaire de la littérature pour supporter le cataclysme déclenché par la mort du petit frère : naufrage du couple, folie de la mère, départ de la soeur…  À soixante-quatre ans, Guy Boley, homme de théâtre, signe son premier roman. La première partie est le récit d’initiation à la première personne d’un jeune garçon sensible élevé dans un milieu provincial populaire. L’auteur y traduit la différence de son héros par un style soutenu, des passages lyriques, et une dilection pour les mots très rares. De belles pages sur la névrose maternelle et la complicité aimante du fils survivant compensent un peu la sophistication poussée de l’écriture. Dans une brève seconde partie, le narrateur revient dans la maison natale après la disparition des parents âgés. Le style est alors plus sobre, plus direct, plus abordable. (T.R. et S.La.)