Pigeon, vole

Une famille originaire de Voïvodine, région de l’ancienne Yougoslavie devenue serbe, émigre en Suisse alémanique dans les années soixante. Les parents partent d’abord, laissant leurs deux filles, Nomi et Ildikò à leur grand-mère paternelle. Après avoir rejoint leurs parents dans le village où ils ont ouvert un restaurant, Ildikò raconte comment elles apprennent l’allemand et découvrent les libertés et humiliations de leur nouvelle vie d’expatriés. Elles se font des amis, retournent chaque année voir la famille restée en Voïvodine, vivent des amours parfois difficiles, prennent leur envol… Melinda Nadj Abonji raconte sa propre expérience, alternant le récit de la vie en Suisse, confortable, mais où elle reste une étrangère, et les souvenirs d’enfance en Serbie, plus rudes, remplis de tendresse familiale. Elle emploie un style très rythmé et imagé pour évoquer les voyages et les tensions. La guerre des Balkans, l’inquiétude pour les membres de sa famille envoyés se battre pour la « grande Serbie », l’aspiration à une vie meilleure des deux côtés sont décrits avec une force et une sensibilité remarquables. C’est un témoignage prenant, bien construit et écrit de manière originale.