Entre les ombres

Au milieu des gratte-ciel à l’assaut desquels la nature s’est lancée, les reliant par des ponts de végétation, il erre seul, barbu, coiffé d’un sombrero. Il est le seul humain survivant. Aucun autre être vivant, hormis quelques oiseaux ou crustacés géants, n’anime la cité silencieuse. Il subsiste en maraudant dans les lieux déserts, avivant ses souvenirs d’antan : son grand-père, une chanteuse, des films… Il soliloque brièvement, parle à ses bonshommes de neige, perd le compte des jours passés. Finalement, il s’embarque sur son voilier et prend la mer… Rien de gai évidemment dans cet univers post-apocalyptique aux ciels barrés de traits gris. Curieusement le héros ne paraît pas très angoissé. Hormis sa tentative pour rétablir l’électricité dans la ville, il s’enfonce dans une molle nostalgie qui finit par imprégner le lecteur. L’album de cet auteur – coloriste d’une douzaine d’ouvrages, créateur d’un Pinocchio aux Éditions Paquet – retient l’oeil par son crayonné d’une grande douceur de trait et par un traitement subtil de la couleur dont les nuances insensibles ponctuent les changements d’époques du récit.