Sur la côte nord de l’Australie, au fond du golfe de Carpentarie, se trouve Desperance, une petite ville blanche repliée sur elle-même, entourée de Pricklebush, un bidonville habité par les Aborigènes. Dans le côté ouest de ce faubourg vit Normal Phantom, pêcheur et artiste, un personnage emblématique, qui a eu sept enfants avec Angel Day. Une compagnie minière s’est installée dans la région, suscitant une vive opposition d’une partie des Noirs, dont Will, un des fils de Normal.
Les repères se perdent dans cette histoire captivante mais parfois ardue, aux accents légendaires, imprégnée de culture originelle. Temps immémoriaux et présent sordide se mêlent, tout comme rêve et réalité, vivants et morts… L’écriture ample et inspirée, poétique, concrète ou truculente, adopte le point de vue des natifs (si différent de celui des Blancs que les uns et les autres semblent vivre dans deux univers parallèles et hermétiques) en variant les registres. Les éléments naturels, dont un climat tropical sujet aux tempêtes, jouent un rôle important. Avec habileté, Alexis Wright (Le pacte du serpent arc-en-ciel, NB novembre 2002) réussit à immerger le lecteur dans l’esprit aborigène tout en dénonçant le racisme, la spoliation, les pratiques plus que douteuses d’une globalisation insouciante des droits humains.
