Les chiffres de l’édition en 2020 ; 1

À la suite d’une enquête menée auprès d’environ 160 maisons d’édition (représentant plus de 650 marques éditoriales), le Syndicat national de l’édition a communiqué lors de son Assemblée générale les chiffres de l’édition française en 2020. Cette enquête est la seule à mesurer l’activité réelle des éditeurs en valeur – chiffre d’affaires net de retours et net de remises – et en volume, tant sur le papier que sur le numérique.

Les ventes de livres ont baissé de 2,19 %

Une baisse contenue des résultats

Le chiffre d’affaires des éditeurs se compose du produit de la vente de livres (2 606,6 M€) et du produit des cessions de droits (133,4 M€). Bien que l’année 2020 ait été marquée par une crise sanitaire, sociale et économique inédite, le chiffre d’affaires n’accuse qu’un recul modéré de 2,3 % par rapport à 2019. Les ventes de livres ont baissé de 2,19 %, une baisse relativement contenue compte tenu de la fermeture des points de vente physique durant les périodes de confinement. Si l’on exclut le secteur scolaire – qui a bénéficié de la réforme des programmes pour le baccalauréat –, la baisse est un peu plus prononcée (- 2,59 %). De son côté, le produit des cessions de droits (résultat des vies multiples du livre : en poche, en club, en traduction ou en adaptation audiovisuelle) est en baisse (- 5,39 %) par rapport à 2019. 

Une baisse d’environ 9 % des ventes de la littérature

Cette baisse modérée ne doit pas cacher une grande hétérogénéité de situations. Entre maisons d’édition tout d’abord, puisqu’en dépit du plan d’urgence puis de relance, certaines maisons d’édition de petite taille souffrent toujours beaucoup des impacts de la crise. Au sein des catégories éditoriales ensuite, puisque certains segments comme les guides de tourisme (- 59 %)ou les livres d’art (- 36 %) ont connu des baisses de ventes très importantes, confinements obligent.

Les aléas de l’année 2020 ont porté un coup important aux ventes des livres au format poche, secteur pourtant stratégique car relais de croissance qui bénéficie, à ce titre, de toute l’attention des éditeurs. Le livre au format poche pèse 14,1 % des ventes en valeur et 25,5 % des ventes en volume, chiffres en légère baisse par rapport à 2019. Avec une baisse d’environ 9 % des ventes, la littérature – qui est le segment qui pèse le plus lourd sur le marché des livres au format poche – a imposé une tendance à la baisse à l’ensemble du secteur. Ainsi, avec 200,8 M€ de chiffre d’affaires et 56 millions d’exemplaires vendus, la littérature pèse en 2020 54,5 % du marché des ouvrages au format poche (versus 56,7 % en 2019). 

La bande dessinée gagne 6%

Deux segments affichent néanmoins des évolutions positives en 2020 : la jeunesse (+ 1 %) grâce aux ventes de long-sellers comme Harry Potter qui ont été très dynamiques durant les confinements, le parascolaire (+ 7 %) et la bande dessinée (+ 6 %) grâce à la mangamania qui se vend majoritairement au format poche et qui ont connu une dynamique de vente sans précédent en 2020 (+ 29 %). 

Une baisse de la production

Afin de s’adapter à la situation, les éditeurs ont dû annuler la publication de titres prévus en 2020 ou décider d’un report sur 2021. Au total, la production éditoriale des éditeurs a enregistré une baisse de 9,1 %, impactant particulièrement les nouveautés (en nombre de titres publiés et nombre d’exemplaires produits) alors qu’elle a été plus modérée sur les réimpressions. Dans le même temps, la production en nombre d’exemplaires a baissé de 11,6 %. 

La diffusion/distribution traditionnelle est le principal canal de vente des ouvrages des éditeurs (70 %). Le second canal est celui de la vente par correspondance (incluant les commandes par internet) qui est passée de 11,8 % en 2019 à 15,4 % en 2020. Viennent ensuite les ventes directes aux grossistes et détaillants (10 %), puis les ventes clubs (1,6 %), les ventes directes aux collectivités et administrations (1 %) et les autres canaux (1,2%). 

Deux phénomènes caractérisent 2020 : des ventes en dents de scie et une forte progression des achats de livres en ligne (comme pour l’ensemble des biens de consommation). Les libraires n’en ont pas moins accompli un travail formidable durant cette année chaotique. Leur capacité d’adaptation et leur réactivité, notamment avec la mise en place du click & collect, leur a permis de terminer l’année avec une baisse contenue de leur chiffre d’affaires. Bien que le premier confinement, puis le deuxième un peu moins strict, aient eu un effet extrêmement brutal sur les ventes, deux périodes de très belles embellies ont permis de dynamiser le marché : les acheteurs ont été au rendez-vous durant l’entre-deux confinement et au cours du mois de décembre, qui a été exceptionnel. 

Les grandes surfaces alimentaires, dont les ventes sont en recul constant depuis plusieurs années, affichent une baisse très limitée (-1,2 %) du fait qu’elles étaient les seuls points physiques d’accès au livre durant le premier confinement et qu’elles ont bénéficié d’un effet « approvisionnement » qui ne sera probablement pas durable. 

Les grandes surfaces culturelles, notamment celles situées dans des grands centres commerciaux dont l’accès était interdit, ont beaucoup souffert de ces fermetures. C’est le circuit qui accuse la plus forte baisse de l’année (-9,1%). 

« Nous nous réjouissons que la lecture devienne une grande cause nationale en 2021 »

Vincent Montagne

« Les chiffres de l’édition 2020 sont le reflet de la vie et des préoccupations des Français pendant la crise sanitaire, explique Vincent Montagne, Président du SNE : Besoin de lire pour apprendre, comprendre, assurer l’école à la maison, se divertir, cuisiner… La fermeture des librairies pendant trois mois et demi aurait pu être un désastre pour notre secteur, mais le rebond exceptionnel de l’été et de la fin de l’année 2020 a témoigné du soutien sans faille des Français au livre et aux libraires. Elle a permis à chacun de de réaliser que le livre et la lecture sont des biens essentiels et constituent des enjeux de société ! Nous tous, auteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires, lecteurs…, nous réjouissons que la lecture devienne une grande cause nationale en 2021, comme l’a promis le Président Macron. »

Delphine Désveaux

Mis en ligne le 30 juin 2021