Vivre et mentir à Téhéran

NAVAI Ramita

Téhéran, « ville des mensonges » : « Quiconque veut vivre à Téhéran est obligé de mentir. La morale n’entre pas en ligne de compte : mentir à Téhéran est une question de survie. » Ainsi débute la préface de huit portraits de Téhéranais de toutes origines et parfois marginaux : Dariush, endoctriné à Washington par l’OMPI (Organisation des moudjahidines du peuple iranien) ; Amir, emprisonné à l’âge de cinq ans avec ses parents opposants au régime de Khomeiny, lapidés dans la prison d’Évin ; Leyla la belle prostituée ; Morteza le « bassidji » homosexuel… Ramita Navai, journaliste anglo-iranienne, descendante d’une grande famille iranienne, raconte son enquête effectuée dans différents milieux sociaux de Téhéran et fondée sur des sources précises. Tous les sujets sont abordés : l’anarchie de la vie quotidienne, la pureté des filles, le hidjab, le niqab, la religion, les mollahs et leurs prêches, les Hadjs, sans oublier les cancans, les rumeurs, les faux rapports sexuels entre filles et garçons, les opérations chirurgicales, du nez surtout, la drogue qui coule à flots. Dans une langue vive, crue, efficace, elle raconte l’Iran, pays de l’hypocrisie. Saisissant tableau à la fois sombre et savoureux d’une société décadente et secrète dans une Téhéran islamique, mais toujours aimée.