La nostalgie des buffets de gare

DUTEURTRE BenoĂźt

Avec ces temps qui changent, le service public n’est plus ce qu’il Ă©tait ! Au nom de la modernitĂ© et de la rentabilitĂ©, le transport ferroviaire imite le modĂšle aĂ©roportuaire, transformant les usagers en « clients » et les gares en centre commercial, ou les dĂ©localisant en rase campagne. La SNCF suit les impĂ©ratifs Ă©conomiques et financiers propres Ă  une entreprise privĂ©e : sous-traitance de nombreux services, compressions de personnel, entretien dĂ©faillant du rĂ©seau, abandon des lignes secondaires
 pour compenser le choix de la grande vitesse. On connaĂźt l’esprit caustique de BenoĂźt Duteurtre (L’ordinateur du paradis, NB octobre 2014). Plus acerbe ici, il nous emmĂšne dans un voyage au coeur de l’entreprise ferroviaire nationale, dont on connaĂźt les mutations – le prĂ©sident PĂ©py parlerait d’adaptations. Certes, il faut dĂ©noncer les effets de la rentabilisation sur le service public qui conduisent Ă  l’inĂ©galitĂ© des citoyens et Ă  celle des territoires. Mais ce rĂ©quisitoire, pour brillant et juste qu’il soit, est excessif : d’abord parce qu’il se rĂ©pĂšte, ensuite parce qu’il est partial, enfin parce qu’il frĂŽle la mauvaise foi. La nostalgie d’un enfant des Trente Glorieuses n’est pas toujours bonne conseillĂšre. (D.D. et M.Bo.)