Vingt-quatre Heures d’une femme sensible

SALM Constance de

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Voulant dĂ©tromper ceux qui lui reprochaient « le ton sĂ©rieux et philosophique de la plupart de [ses] ouvrages », la princesse de Salm, auteure Ă  succĂšs de la fin du XVIIIe siĂšcle, se mit au dĂ©fi d’Ă©crire un roman rempli de sentiment. Pour montrer l’ivresse, le trouble et la jalousie que l’amour peut inspirer Ă  une femme vive et sensible, elle imagina de la soumettre Ă  un quiproquo. À l’issue d’un spectacle, l’homme qu’elle adore et qu’elle doit bientĂŽt Ă©pouser part, sans explications, avec une femme… Pour dĂ©crire Ă  cet homme les affres de sa souffrance et le dĂ©sordre de son esprit, elle lui fait alors porter quarante-quatre lettres en vingt-quatre heures, lui dĂ©taillant la moindre nuance de son humeur… Celles-ci tĂ©moignent aujourd’hui de l’esprit d’une Ă©poque oĂč richesse de vocabulaire, Ă©lĂ©gance classique de l’Ă©criture et fluiditĂ© de la phrase coulaient de source. Épigone de Madame de La Fayette, celle que l’on surnommait « Boileau des femmes » et qui Ă©tait tombĂ©e dans l’oubli pourra, avec ce petit livre sans surprise, sĂ©duire les nostalgiques du beau style.