Vent blanc, noir cavalier

RHINEHART Luke

Au cƓur de l’hiver, dans le blizzard, sur la montagne, un vieux monastĂšre abandonnĂ©. Oboko et Izzi, moine et poĂšte, s’y abritent. Dans la nuit, le hasard conduit vers les deux hommes Matari, une jeune femme d’une exceptionnelle beautĂ©, dont le cheval fourbu vient de s’effondrer dans la neige. Elle a fui la tyrannie jalouse de son Ă©poux, le seigneur Arishi.

Le dĂ©cor est plantĂ©, austĂšre, angoissant : la neige oĂč il faut effacer les traces de ses pas, la neige qui brouille la vue. Les protagonistes sont lĂ , placĂ©s sur l’échiquier oĂč va se jouer une tragĂ©die : le destin a frappĂ©, l’action va se dĂ©rouler, implacable, attendue.  Et comme dans toute tragĂ©die, les victimes vont se battre, jusqu’à la mort.  Ce schĂ©ma d’une beautĂ© toute classique oppose, sur fond de culture japonaise, le code des samouraĂŻs, incarnĂ© par Arishi et la soif de libertĂ© de Matari ; il oppose aussi, chez le moine bouddhiste, le culte du dĂ©tachement et la passion amoureuse ; il introduit enfin un dernier lien, celui de l’amitiĂ© entre Oboko et son double burlesque Izzi.  Les pĂ©ripĂ©ties de cette partie complexe construisent une aventure paradoxalement pleine de suspense, oĂč l’extrĂȘme cruautĂ© s’allie Ă  une exigence Ă©thique surhumaine, oĂč la maĂźtrise de soi posĂ©e comme principe existentiel ne peut laisser place Ă  la sensibilitĂ© qu’au bord de l’abĂźme.  (C.B et J.G)