Une île en hiver

RISTIĆ Sonia

Lipari ? Santorin ? Cette île, qu’on imagine méditerranéenne, accessible par un tunnel dans la roche, cache une petite ville lovée au pied des collines. Loin des rumeurs du continent et de la guerre, bien que l’île lui aie payé son tribut de treize jeunes qui n’en sont pas revenus, le temps s’y est arrêté au coeur d’un été indien qui n’en finit pas. Les habitants y coulent des jours éternellement recommencés, rythmés par les prophéties et les messages de la Vieille, chef du clan gitan installé près du château en haut de la colline. Une île où arrive un soir un homme, jeune, mutique, qui prend sa place au milieu des autres. C’est, sans le savoir, à la découverte de lui-même que le héros avance, guidé par une petite fille au profil mythique, Pandora et sa boîte minuscule contenant les secrets de l’histoire de l’île, et de sa propre histoire.  « On dirait le Sud »… Difficile de rendre compte de l’atmosphère de ce roman dont la construction et l’écriture rejoignent celles d’une composition symphonique dont les leitmotivs musicaux se succèdent, se superposent, s’entremêlent pour évoquer l’indicible. De toutes ces nuances naît un étonnant chant de vie dont toutes les couleurs s’harmonisent dans un temps suspendu, qui s’accélère soudain, comme le cours de toute vie. Un microcosme humain imprégné de bienveillance, un peu « naïf » dont le tableau résonne en chacun comme une musique, si on se laisse bercer par les émotions que suscitent la lecture. (M.T. et F.E.)