Un roman anglais

HOCHET Stéphanie

Angleterre, 1917. Dans le Sussex se sont rĂ©fugiĂ©s Edward, horloger Ă  Londres, sa femme Anna, traductrice de français, et Jack, leur fils de trois ans. Le couple cherche une garde d’enfant, passe une annonce : arrive George, jeune homme de vingt-trois ans, rĂ©formĂ©. Tendre, crĂ©atif, efficace, il guide l’enfant, le fait grandir et instille son extrĂȘme sensibilitĂ© dans un environnement convenu. Elle s’accorde avec celle d’Anna, irrite Edward – pris dans son monde figĂ©. L’harmonie conjugale se fissure, s’ensuivent des fractures irrĂ©versibles
 Une guerre s’achĂšve, une autre lui succĂšde : en 1940, Jack, pilote de chasse, ressuscite le souvenir inoubliable de George. Ce trĂšs beau « roman anglais », imprĂ©gnĂ© d’un temps oĂč Virginia Woolf rĂ©gnait sur son cĂ©nacle intellectuel, reprend les thĂšmes chers Ă  cet auteur : questionnement sur la maternitĂ©, dĂ©jĂ  prĂ©sent dans Les Ă©phĂ©mĂ©rides (NB mai 2012), place de la femme, dĂ©sirs inassouvis, mutations sociĂ©tales. Dans une langue simple, sans Ă©talage inutile, avec une pudeur et une finesse rares, l’hĂ©roĂŻne monologue sur ses sentiments contrastĂ©s et raconte avec rĂ©alisme les ruines de son Ăąme dans son pays dĂ©vastĂ© par la guerre. Ce roman de charme et de douleur, aux grandes qualitĂ©s littĂ©raires, marque profondĂ©ment l’esprit. (A.C. et C.Bl.)