Un juge s’en va.

LÈGUEVAQUE Laurent

AprĂšs quinze ans d’exercice dans la magistrature en qualitĂ© de juge d’instruction, Laurent LĂšguevaque dĂ©missionne, claquant la porte en janvier 2005. LibĂ©rĂ© de l’obligation de rĂ©serve, il se dĂ©foule. DĂšs son entrĂ©e Ă  la prestigieuse École Nationale de la Magistrature (ENM), il a du mal Ă  supporter ses futurs collĂšgues, les “bĂ©bĂ©s-juges” ; comme des “obsĂ©dĂ©s textuels” dĂ©pourvus de sens de l’humain, ils se laissent formater dans un monde qui ne lui convient pas mais
 il a malgrĂ© tout tentĂ© l’aventure. Que de dĂ©ceptions l’attendaient : une hiĂ©rarchie de type militaire, d’aprĂšs lui, avant tout prĂ©occupĂ©e de son avancement ; des dossiers lourds, souvent Ă©coeurants ; une endĂ©mique pĂ©nurie de moyens, une Ă©norme responsabilitĂ© pesant sur les dĂ©cisions : suicides, vies brisĂ©es, reprĂ©sailles
 en bref, une Ă©norme dĂ©sillusion et une vive colĂšre envers la justice en tant qu’institution.

 

Une caricature ? Le lecteur ose l’espĂ©rer, car la lecture de ce tĂ©moignage, qui ne fait pas dans la nuance, laisse le justiciable dĂ©stabilisĂ© et le citoyen inquiet.