Tout ce dont je ne me souviens pas

KHEMIRI Jonas Hassen

Suède, années 2010. Samuel est mort sur la route, il allait avoir vingt-sept ans. Accident ou suicide ? Trouvant dans le destin du jeune homme la matière d’un livre, une de ses connaissances interroge son entourage. La mère de Samuel répond par quelques mails laconiques et récalcitrants. Les amis, de la communauté immigrée, Vandad, Panthère, Laïde, évoquent la personnalité atypique de l’ex-étudiant en sciences politiques. Sa mémoire aléatoire fait écho à la confusion dans laquelle sombre inexorablement sa grand-mère.    Tout ce dont je ne me souviens pas a reçu le prix August, équivalent suédois du prix Goncourt. Véritable peinture sociale, ce  roman psychologique reprend les thèmes identitaires, migratoires, communautaristes, chers à l’auteur de J’appelle mes frères (NB juillet-août 2014). Réalisée sous forme d’interviews chorales discontinues, la rédaction atypique peut dérouter, mais séduit surtout, car cette écriture très originale s’avère maîtrisée de bout en bout. L’humour, l’émotion, l’énergie contribuent au sentiment d’être partie prenante du récit. En ressort le portrait attachant d’un anti-héros vulnérable, emblématique d’une génération déboussolée. Une pépite ! (A.-C.C.-M. et B.Bo.)