Après avoir consacré à Toussaint-Louverture une trilogie romanesque très appréciée (Le maître des carrefours, NB juillet 2004), Madison Smartt Bell le présente aujourd’hui dans une biographie précise et détaillée.
En 1791, la partie occidentale d’Hispaniola (Haïti) est la plus riche des colonies françaises. Les cinq cent mille esclaves africains, théoriquement protégés par le code noir de Louis XIV, mais en réalité affreusement maltraités, se révoltent. Toussaint, âgé de presque cinquante ans, est riche, affranchi depuis quinze ans et, s’il ne joue au début qu’un rôle effacé, va prendre la tête du mouvement. En 1801, il est nommé gouverneur d’une île devenue quasiment indépendante – elle le deviendra fin 1803 après l’échec sanglant de l’expédition napoléonienne. Capturé en juin 1802, il mourra en 1803 au fort de Joux.
La personnalité de Toussaint est fascinante, mélange d’humanisme et de cruauté, de sagacité et de naïveté, d’humilité et d’orgueil, de christianisme et de vaudou. Si l’historiographie de la révolte paraît trop détaillée et confuse, par contre le récit de l’organisation du pouvoir, du jeu diplomatique avec l’Angleterre et les États-Unis et de l’ambiguïté des relations avec la France sont passionnants.