Ténèbres, ténèbres

HARVEY John

Charlie Resnick, retraité depuis peu, est employé comme citoyen réserviste au commissariat central de Nottingham lorsqu’on découvre dans une ville voisine, autrefois minière, un squelette. Il s’agit des restes de Jenny, une ouvrière engagée du côté des grévistes, mariée à un « jaune » (un mouchard) et qui a subitement disparu en 1984. Une brillante inspectrice noire chargée de l’enquête choisit Charlie comme adjoint. Il a dirigé une équipe de surveillance des grévistes trente ans auparavant et connaît nombre de survivants. L’enquête commence et rouvre les blessures mal cicatrisées d’une défaite syndicale cuisante. Dans ce douzième (et dernier) roman dont Resnick est le héros (Cold in Hand, NB janvier 2011), le récit de la grève de 1984 et l’enquête de 2014 s’entremêlent. Avec amertume, John Harvey raconte la casse impitoyable de la grève des mineurs anglais, organisée par « Maggie» Thatcher. Dans la société désagrégée d’aujourd’hui comme dans celle d’alors, violence, racisme, exactions sont le fait de tous, chefs et sous-fifres, policiers, grévistes, « jaunes ». Le héros, avec son chat arthritique, sa cravate tachée et son amour du jazz, a vieilli et son pessimisme s’est affirmé, mais son talent est resté intact. Un adieu mélancolique à un personnage singulièrement humain qui s’enfonce dans les ténèbres. (C.P. et B.Bo.)