Sous l’oeil du chat

FELDER Anna

Au 18 de la rue, sur trois niveaux, vit une famille : au rez-de-chaussĂ©e, le vieux ; au premier, son fils, Nabucco et sa femme, professeur de chant ; dans la mansarde, au-dessus, la fille du vieux, prĂ©sentatrice ; en bas, Ă  cĂŽtĂ© de la cuisine, le cagibi de la couturiĂšre. C’est l’hiver, au sortir duquel ils seront expulsĂ©s. Le chat observe
  Narrateur hors norme, le chat commente les rĂ©actions de chacun au chamboulement annoncĂ© : tous Ă©ludent l’évĂ©nement en se rĂ©fugiant dans de menues prĂ©occupations quotidiennes pour Ă©viter de voir leur univers partir Ă  vau l’eau. Un huis clos familial dĂ©routant, touchant et drĂŽle Ă  la fois. Les personnages se dessinent au grĂ© des postures adoptĂ©es jusqu’au bouquet final du repas de NoĂ«l oĂč, comme dans un jeu de rĂŽles, on fait ses adieux Ă  la maison. Le choix narratif du chat, voix off, Ă  la pupille rĂ©ceptive et expressive, ajoute une distance ironique au rĂ©cit : il est l’ñme du lieu, omniscient, dĂ©miurge. De lĂ , l’étrange poĂ©sie de ce texte libĂ©rĂ© des contraintes de la vraisemblance : riche de la palette sensorielle associĂ©e au fĂ©lin, il nous promĂšne en funambule entre rĂȘve et rĂ©alitĂ©. (C.B et A.M.D)