Sous les pavés l’orage

DELEPIERRE Philippe

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Lille. Mai 68 : les pavés de Delepierre (Les gadoues, N.B. avr. 2007) sont ceux du Nord. Qu’ont donc à voir les spectaculaires assassinats du proviseur Pruvost et du directeur commercial Herbaut, tous deux par ailleurs assez cavaleurs, avec cette épidémique effervescence estudiantine, bombinette chaotique et cabotine si incontrôlée ? Rude tâche pour le commissaire Thibaud qui n’est pourtant pas un perdreau de l’année. Notables, trotskystes, lycéens, maoïstes, vieux résistants, accordéonistes, fascistes, vétérans d’Indochine croisent leurs certitudes, leurs illusions, leurs perversions, leurs slogans, leurs paranoïas et leurs compromissions.

 

La plume goguenarde et affûtée de Philippe Delepierre épingle malignement la bonne conscience, l’idéologie et la violence ainsi que tout ce petit monde « qui perd sa verve comique en s’éveillant à la conscience politique ». Et plus qu’un roman policier à l’intrigue vite transparente, trop artificielle et simpliste, le livre de Delepierre est un pamphlet parfois assez savoureux des contradictions des individus et des sociétés et un constat amusé de la complexité bien peu manichéenne que cache la façade sociale composée par chacun.