Sept pierres pour la femme adultère

KHOURY-GHATA Vénus

Noor a connu l’étranger, elle mérite sa fatwa : la lapidation. De cet implacable verdict découle un récit magnifique, aux portes du désert, là où la vie d’une femme n’a que peu d’importance. C’est pourquoi personne ne comprend l’acharnement de « l’étrangère » à faire annuler la sentence, alors qu’elle ignore les coutumes et la soumission des femmes à leur sort. Humanitaire par dépit, fuyant ici ses chagrins, la Française a fait sienne la cause de l’accusée. Pudique mais exigeante, la plume alerte de Vénus Khoury-Ghata court de la maison de pisé aux crevasses du désert où Noor a remplacé le renard dans la battue des hommes.

 

Avec sobriété, la poétesse initie aux traditions séculaires et dit la méconnaissance des étrangers qui bafouent l’autorité des hommes en faisant que « des femmes se sont prises pour des femmes alors qu’au douar, elles ne sont que femelles ». Pour cela, certaines vont mourir. Après La Maison aux orties (NB mai 2006), Vénus Khoury-Ghata met son immense talent de conteuse au service d’un livre digne, au texte vif, étonnant de liberté de ton. Elle y est à la fois la femme et le pays.