Roland Barthes

Icône d’une brillante génération d’intellectuels français, celle de l’après-guerre 39-45, de Foucault, Derrida, Deleuze, Bourdieu, Lacan…, Roland Barthes a connu un parcours singulier. Orphelin de père, tuberculeux à l’adolescence, ce qui l’exclut des études supérieures comme de l’armée, ce n’est qu’à trente ans passé qu’il peut transformer ce qu’il a accumulé d’expérience et de réflexion et inscrire sa voix unique dans le concert de ses contemporains. D’inspiration marxiste, sa pensée, complexe, indécise et nuancée, se déploie presque naturellement vers une forme de linguistique critique qui explore le champ du mot, de la langue, de la littérature, de l’histoire puis du mythe. « Data miner » de génie avant l’ère numérique, il place son oeuvre dans des perspectives inédites pour retourner, finalement, au plaisir plus subjectif du texte. En ayant accès à l’ensemble de ses écrits, agendas, correspondance, fichiers, Tiphaine Samoyault, entrelaçant étroitement vécu et théorie, revisite « l’argile » dans laquelle cette vie-là a laissé son empreinte. Il serait cependant bien réducteur de qualifier d’universitaire une biographie aussi fouillée et complète, tant l’intelligence et la clarté explosent à chaque ligne, avec cette habileté courtoise qu’a l’auteur de porter une majorité d’ignorants, dépassés mais ravis, au terme de près de 700 pages d’une exceptionnelle densité.(A.Lec.)