Quelques mois avant de recevoir le Nobel de littérature 2013, Alice Munro (Trop de bonheur, NB juillet-août 2013) annonçait que Dear life était son ultime recueil de nouvelles. Les dix premières racontent des vies simples et ordinaires. Puis le drame survient : rupture, accident, disparition, trahison. Chaque fois, on trouve chez le personnage principal du récit, quels que soient ses moyens, la volonté de s’adapter, d’accepter la tragédie, d’accueillir l’événement pour continuer de vivre le moins mal possible. Très différents, viennent ensuite quatre épisodes de la vie de l’écrivain : l’enfance dans une bourgade rurale, une mère conventionnelle et peu affectueuse, la vie qui passe, les fantasmes, les concessions, les regrets. Le thème de la mémoire, sa fragilité, sa subjectivité, court dans ces quatorze évocations du tour étrange ou dangereux que peut prendre une destinée normale, fictive ou vécue. Pleine de délicatesse, d’émotion retenue, l’écriture classique et sobre croque chaque détail, chaque situation de façon saisissante. Du grand art.
Rien que la vie
MUNRO Alice