Quand je serai roi

SERNA Enrique

Après La Peur des bêtes (NB octobre 2006), Enrique Serna poursuit la satire de la société mexicaine rongée par la corruption. Un jeune garçon inhale de la colle avec sa bande pour fuir une vie misérable, tout en terrorisant le quartier, tandis que sa pauvre mère se tue au travail hantée par des rêves récurrents mystico lubriques. Un riche et cynique propriétaire d’une station de radio organise un concours truqué censé récompenser un jeune héros auteur d’une action d’éclat altruiste, pendant que son fils honteusement gâté s’amuse avec sa collection d’armes à feu. Pour sauver son sale gosse d’une sombre histoire, il se sert de ses subordonnés qui se taisent par complicité ou laisser-faire de peur de perdre leur emploi, de ses relations aux ordres du pouvoir et de compères en malhonnêteté.

 L’auteur se sert habilement de procédés inventifs : exposé des faits à rebours, dialogues de sourds, délires intérieurs des personnages plus ou moins dupes d’eux-mêmes. À Mexico, riches et pauvres, jeunes et vieux, sont-ils tous aussi pourris, pervers, violents, illuminés que dans ce roman pessimiste d’un humour noir caustique ?