Prodigieuses créatures

CHEVALIER Tracy

Quitter Londres dans les années 1810 et s’installer à Lyme Regis sur la côte du Dorset a le goût amer d’un exil, pour Elisabeth Philpot et ses soeurs. Orphelines désargentées, peu séduisantes, elles ne peuvent guère prétendre à un beau parti et elles abandonnent à leur frère la maison londonienne. Le séjour se révèlera cependant plus intéressant que prévu. Elisabeth se passionne pour les fossiles qui jonchent le rivage. Elle trouve en Mary Anning une étonnante jeune fille à l’oeil expert, la compagne idéale pour ses expéditions sur la grève. Tracy Chevalier donne à la chasse aux fossiles une allure de chasse au trésor et les termes d’ichtyosaure, de plésiosaure deviennent presque familiers. Elisabeth Philpot et Mary Anning ont réellement existé, mais ont eu du mal à imposer leurs compétences. Quelques réflexions bien appuyées permettent de cerner la condition faite aux femmes dans cette société victorienne dominée par les hommes. Le style raffiné, la délicatesse des sentiments prêtés aux héroïnes, la justesse du regard acéré et narquois sur cette Angleterre du début du XIXe évoquent irrésistiblement les romancières anglaises de cette époque et donnent à ce roman enlevé une touche délicieusement surannée.