Postérité

LAMAR Jake

À la fin d’un cours sur l’École de New York, une étudiante accuse Toby White, professeur d’histoire de l’art, de négliger les femmes peintres. Elle est la petite-fille de Femke Versloot, artiste majeure, injustement méconnue et quasi octogénaire. Vexé, White commence ses recherches et découvre des toiles éblouissantes. Il obtient même des interviews de l’artiste. Cette Hollandaise émigrée aux États-Unis en 1945 ne veut parler que de sa peinture et évite habilement tout souvenir personnel, mettant à mal la biographie que le professeur, soucieux de célébrité, aimerait écrire. Malgré sa ténacité et ses ruses, cette maîtresse femme demeure pour lui une énigme. Jake Lamar, connu pour ses thrillers (Les fantômes de Saint-Michel, NB octobre 2009), crée un personnage aussi fort que mystérieux. Dans un soigneux désordre, il opère des allers et retours dans le temps, embrouillant à dessein les recherches du narrateur. L’intrigue mêle habilement l’histoire de la seconde guerre mondiale et celle de l’art contemporain. À travers son héroïne, le romancier affirme que l’oeuvre prime totalement la vie de l’artiste. Si l’évocation des bombardements de Rotterdam est saisissante et les propos sur l’art un savoureux règlement de comptes avec les critiques omniscients, l’ouvrage suggère aussi les ombres d’une vie dissimulée.