Pipelines

KERET Etgar

Un Homme sans tête (NB octobre 2005) avait été précédé, en 1992, de ces cinquante premières nouvelles, annonçant chez cet auteur israélien un talent singulier et fort, mis par la suite au service du cinéma et de la bande dessinée.

 

Pipelines donne le ton du recueil : un adolescent mal aimé, niant l’évidence de son environnement, se fabrique un tuyau dans lequel il disparaît. Etgar Keret place des personnages banals dans un quotidien dont ils déforment la réalité; les situations deviennent extrêmes, horrifiantes, évoluant vers une logique surréaliste. Ainsi construits, d’implacables réquisitoires s’élèvent contre la société israélienne, ses rituels religieux, son gouvernement, sa haine de l’Arabe ; la Bible et la mythologie sont revisitées et la mort accompagne ces brefs récits : la vie peut être brutalement écourtée en ces pays menacés où les autobus meurent aussi… Rapprochements saisissants, style personnel, humour noir et dérision imprègnent ces écrits d’où émergent parfois un souffle de tendresse consolatrice et une espérance nostalgique.