Où va-t-on quand on disparaît ?

MINHOS MARTINS Isabel, MATOSO Madalena

S’il ne prononce jamais le mot mort, le livre n’en est pas moins explicite; celui qui se tient devant la porte, l’air désemparé, des fleurs à la main, devant un coeur transpercé, a certainement perdu quelqu’un de cher. Il reste avec des questions : où l’absent est-il allé? Mais la disparition ne concerne pas que les humains, et peut-être peut-on s’aider de ces exemples pour comprendre: les chaussettes, les flaques d’eau, les nuages, le soleil, la neige, le bruit, le sable disparaîssent, même si c’est pour réapparaître le lendemain, ailleurs, ou sous une autre forme.

À l’aide de quelques exemples de l’environnement quotidien, présentés sous une forme évocatrice et délicate, avec de l’humour aussi, l’album propose quelques pistes de réflexion sur cette question fondamentale ; si l’on peut se demander au premier abord où il veut en venir, sa conclusion dédramatise habilement la perte. L’album refermé, on se sent un peu moins seul, puisque tous les éléments sont soumis au même phénomène. Le dessin épuré, stylisé, accompagne le texte d’images suggestives, discrètement symboliques; une ligne noire, fil de la réflexion ou chemin de vie, court de page en page, se ramifie quand il le faut. Un bel album apaisant, subtil, à lire et à relire.