La vie de cette famille corse a son lot de secrets. Huma, dernière née, le comprend très vite. Il ne faut jamais parler de ce que l’on a vu ou entendu. Dans cette belle demeure patricienne de la Castagniccia, May protège à sa façon sa petite-fille qu’on lui a confiée. Elle l’élève sans amour, l’obligeant à dormir dans le même lit qu’elle, lui interdisant les plaisirs et les jeux d’enfants. Les hommes sont souvent absents, mais la raison n’est pas avouable, la mer les sépare. Laure Limongi écrit une histoire corse certainement imprégnée d’aventures vécues. La vendetta n’est pas loin, les armes omniprésentes, le nationalisme est renforcé par les expressions en langue corse. Très jeune, la petite héroïne apprend la duplicité. La solitude, l’angoisse parfois, et toujours la tristesse que vit cet enfant sont très bien décrites : « le malheur a une odeur subtile mais unique ». L’impossibilité du lecteur à intervenir est parfois dure à supporter, mais la qualité des sentiments exprimés en fait une bonne lecture. On peut reprocher à la construction du livre un retour en arrière trop fréquent et non structuré. (C.M. et A.C.)
On ne peut pas tenir la mer entre ses mains
LIMONGI Laure