Oliver ou la fabrique d’un manipulateur

Dublin, 12 novembre 2011. Oliver Ryan, écrivain de renom, tabasse sa femme si violemment qu’elle sombre dans le coma. Pourtant, malgré ses infidélités, il pensait son mariage heureux ; son épouse Alice, timide et soumise, l’adorait et illustrait à merveille ses livres. Oliver ne s’explique pas ce qui s’est passé. Des proches du couple racontent. Le passé familial, le séjour en France ont, semble-t-il, joué un rôle déterminant. Mais qui est réellement Oliver ? Le roman, habilement construit, donne successivement la parole à Oliver et à ceux qui l’ont connu. Leurs témoignages variés, s’éclairant mutuellement, construisent par petites touches un portrait complexe qui s’approfondit : enfant abandonné, jeune homme séduisant mais calculateur, écrivain sans scrupule, un homme – peut-être un monstre – uniquement centré sur sa personne et ses intérêts et écrasant sans pitié ceux qui le gênent… Sans apporter de réponse, l’auteur irlandaise repose l’éternelle interrogation de l’inné et de l’acquis : quelle est la part de responsabilité personnelle du « héros » ? Le poids d’un passé douloureux peut-il tout expliquer? Un premier roman nourri de tension psychologique et plutôt réussi. (E.B. et M.Bo.)