Obsession d’automne

RICCI Luca

« Ils parlent de quoi, tes livres ? D’amour et de fantĂŽmes ». Et justement, lui, l’Ă©crivain en mal d’inspiration, engourdi dans la routine conjugale, tombe amoureux d’un fantĂŽme, celui de Jeanne HĂ©buterne, la compagne de Modigliani, dont il possĂšde une photographie qui le fascine. Et commence alors dans Rome une quĂȘte qui, Ă  travers des coĂŻncidences, des symboles et des rencontres amoureuses, nourrit son fantasme.  Le roman de Luca Ricci, qui se rĂ©clame de Maupassant, reprend avec un certain succĂšs les thĂšmes littĂ©raires du symbolisme : le rĂ©alisme mĂȘlĂ© Ă  l’imaginaire, l’amour liĂ© Ă  la mort, le dĂ©cor – Rome, des ruines, sous la splendeur des couleurs de l’automne – épousant le mal-ĂȘtre du personnage, la cruautĂ© cĂŽtoyant le sublime. Toutefois, l’inspiration ne cĂšde pas au plagiat et l’ancrage dans les travers, les embĂ»ches de la vie d’aujourd’hui est bien perceptible dans ce texte qui sait conserver sa part d’humour et de distance. La question du travail de l’Ă©crivain reste aussi centrale, lui qui doit « inventer la rĂ©alité ». Au-delĂ  d’un possible agacement, on se laisse prendre par la quĂȘte obsessionnelle de ce hĂ©ros souvent pathĂ©tique, qui le mĂšne jusqu’Ă  la folie : « L’esprit de l’homme est capable de tout. » (Maupassant) (M.M. et M.Bo.)