Samuel Brussell, éditeur et écrivain, amoureux exigeant de la littérature, connaisseur passionné des langues, sensible aux ambiances, nous entraîne sur une trentaine d’années d’un vagabondage élégant. Partons à sa suite de Paris à la Baltique, de New York à la Havane, de Londres à l’Appenzell. Besogneusement, à sa traîne. Car sa flânerie allurée est d’abord une quête de rencontres d’écrivains, reconnus ou moins connus, et des lieux qu’ils fréquentèrent. Et ses retrouvailles avec Queneau, Brodsky, Dovlatov, Walser, Trollope, Rouquette, Waugh deviennent chaque fois pour lui un tête-à-tête admiratif et ravi. Mais si familier et pontifiant, si connivent et codé, si elliptique et averti qu’il en est bruissant et confus. Et le lecteur se sent indiscret, décalé, godiche, comme un cousin de province, voyeur malgré lui et honteux de l’être, qu’on a oublié de présenter. Il glane néanmoins quelques heureuses expressions stylistiques, quelques traits inédits de caractère, mais rien de ce qui ferait la rondeur ou le suc d’un auteur, la quintessence d’une oeuvre. Il revient un peu déçu de ce grand voyage.
Musique pour les vivants
BRUSSELL Samuel