Mulysse. Tête de mule prend la mer

TORSETER Øyvind

La coiffure n’est pas son truc. Outre son renvoi, Tête de Mule, subitement exproprié, se voit dans l’obligation de payer pour récupérer son fourbi relégué dans un container. De coup de déprime en rencontres improbables, pour ne pas sombrer corps et biens, l’homme accepte de faire le moussaillon pour un capitaine collectionneur à qui ne manque plus que le plus grand oeil du monde dont il ne saurait se passer. Il offre 70 000 couronnes : pile poil le prix demandé à Tête de Mule qui embarque pour me meilleur et pour le pire.

On aurait une vague tendance à penser que ce roman graphique échappe au sens communément commun et … ce n’est pas tout à fait le cas. Irréaliste croisière où le délirant rivalise avec le poétique en toute intelligence. D’abord déstabilisé, puis ébaubi, on entre dans l’incroyable épopée en se laissant porter sur les vagues du récit qui aurait pu être échevelé s’il n’était profondément humain, tendre, attachant, comique, dérisoire et tant de choses encore. Le capitaine raconte une histoire de médaillon, les citrons disparaissent, une passagère clandestine apparaît et … ce n’est pas fini. Du bonheur qui surprend, c’est encore mieux que du bonheur tout seul. (M.-F.L.-G.)