Mourir pour un crapaud… Un authentique drame scientifique

BOUSQUET Catherine

Paul Kammerer, zoologiste viennois, observa en 1906 qu’en contraignant des crapauds Ă  se reproduire dans l’eau, des nodositĂ©s facilitant la copulation apparaissaient sur leurs membres antĂ©rieurs. Cette particularitĂ© persistait sur plusieurs gĂ©nĂ©rations successives : s’affirmait ainsi l’hĂ©rĂ©ditĂ© des caractĂšres acquis sous l’influence de l’environnement. Ces conclusions entraĂźnĂšrent une controverse acharnĂ©e entre les partisans des thĂ©ories de Mendel, de Lamarck et de Darwin. Les confĂ©rences du zoologiste dans le monde entier confirmĂšrent sa notoriĂ©tĂ©, mais lorsqu’en 1926 un AmĂ©ricain vint dissĂ©quer le dernier spĂ©cimen des crapauds expĂ©rimentĂ©s, il constata seulement que la patte examinĂ©e avait Ă©tĂ© noircie par une injection d’encre de Chine
 Quelques mois aprĂšs, Kammerer se suicida.

 

L’auteur, biologiste, expose clairement ces faits bien rĂ©els, en les racontant « comme un roman », elle dĂ©veloppe les thĂ©ories en jeu et reprend les hypothĂšses pouvant expliquer le suicide de Kammerer, restĂ© mystĂ©rieux : difficultĂ©s financiĂšres ou sentimentales, deuils, enjeux scientifiques, politiques ? Aujourd’hui, des chercheurs accorderaient, dit-elle, une valeur scientifique importante Ă  l’expĂ©rience. Ce parcours original avait dĂ©jĂ  intĂ©ressĂ© Arthur Koestler (L’étreinte du crapaud, NB avril 1972).