Mon nom est Otto Gross

CAZOTTE Marie-Laure de

Son pĂšre, Hans Gross, criminaliste autrichien rĂ©putĂ©, est rigide, dominateur. L’enfance d’Otto, sensible et tendre, est un enfer. Devenu brillant psychiatre, disciple actif de Freud, il travaille, se marie, a des maĂźtresses, un fils, prĂŽne l’amour libre, le fĂ©minisme, l’anarchie. Et se drogue… Son pĂšre le prĂ©tend fou, veut le faire interner. Il s’Ă©chappe d’un service de dĂ©sintoxication dirigĂ© par Jung, sĂ©journe en Suisse, en divers asiles-prisons, arrĂȘte ou reprend la pratique psychiatrique. Quand la guerre de 1914 Ă©clate, il s’engage comme mĂ©decin, s’Ă©puise et meurt en 1920.  Les recherches d’Otto Gross ont Ă©tĂ© exploitĂ©es par Freud et par Jung et son nom, « oublié ». Marie-Laure de Cazotte (À l’ombre des vainqueurs, Livre du Mois NB janvier 2015), rĂ©parant cette injustice, ressuscite avec une empathie compĂ©tente la personnalitĂ© et le parcours tragique de cet ĂȘtre lunaire, poĂ©tique et gĂ©nĂ©reux, penseur brillant et mĂ©decin compatissant, lentement dĂ©truit par la terrifiante puissance paternelle et par la cocaĂŻne ; il fait partie du milieu idĂ©aliste des jeunes intellectuels autrichiens, rĂ©volutionnaires pacifistes ; il participe Ă  une expĂ©rience communautaire dionysiaque, intervient avec humanitĂ© dans les asiles psychiatriques dont il devient aussi le patient rĂ©voltĂ©. Adroitement documentĂ©e, la description animĂ©e de ces Ă©tapes ajoute Ă  l’intĂ©rĂȘt d’un portrait inoubliable.  (M.W. et C.G.)