Mishima : modernité, rite et mort

BAATSCH Henri-Alexis

Étrange et fascinant Mishima ! Célèbre dès vingt ans, alors qu’éclate la bombe d’Hiroshima, il a déjà publié sur la poésie de cour du XIIe siècle. Dans le Japon humilié d’après-guerre, axé sur la seule réussite économique, il exalte la tradition alors que se forment les mouvements d’étudiants d’extrême gauche. À contre-courant de son époque, donc, narcissique et provocant… Mais il sait utiliser adroitement les médias, voyage dans le monde entier, joue occasionnellement dans des films ou ses propres pièces, dépeint les milieux bien contemporains de la débauche et de la prostitution. Il remodèle son corps par une ascèse sportive implacable et arme une milice privée.  L’auteur analyse son oeuvre considérable, inégale – poésie, romans, autobiographies, théâtre, essais, articles, carnets –, commente ses choix de vie successifs. Selon lui, la mort spectaculaire de Mishima fut une nécessaire apothéose esthétique, longuement programmée : son suicide rituel, après un complot armé perdu d’avance, était inscrit dès l’origine dans son parcours et ses écrits. Cette vision argumentée avec élégance s’inscrit dans l’histoire et la culture japonaises. Elle fait mieux connaître une personnalité exceptionnelle.