Millefeuille

L’existence de Jean-Pierre Millefeuille, veuf, professeur de lettres retraité, se déroule en séquences harmonieuses. Travail d’écriture, courses à Monoprix, promenades dans le quartier Montparnasse, café au Select voisin… Ah ! la vie en ville ! Millefeuille, généreux, sociable, fréquente de nombreux amis, se lie avec des passants, même les plus paumés, aide les uns ou les autres. Cependant des incongruités, des bizarreries craquellent le tableau idyllique : soliloques, colères, désintérêt inexplicable, phrases obsessionnelles ou cauchemars… L’ennui, la solitude accablent Millefeuille malgré visites, dîners ou verres partagés. Et qui est-il vraiment, alors que sa vie se termine ? L’emploi du temps du héros, où intervient l’auteur censée le connaître, est repris jour après jour, avec quelques menues variantes. Dans cette banalité répétitive, il ne faut pas chercher des indices révélateurs, des prémices d’actions qui se développeraient. Rien ne se passe, ou presque. Mais les symptômes d’une dérive délirante se font de plus en plus nombreux. Comme dans Mon Amérique commence (NB février 2009), Leslie Kaplan écrit avec aisance, anime ses personnages et tire de son expérience de psychanalyste les strates psychologiques complexes de son héros, feuillets mal attachés. Une étude de cas ?