Mes héros ont toujours été des junkies (Criminal)

BRUBAKER Ed, PHILLIPS Sean

Quelques patients dans une clinique de désintoxication. Il y a Todd, hâbleur et mythomane, Lois, accro à l’oxy, Ken à la coke. Ellie, elle, a des raisons différentes d’être là. Elle se démarque des autres par un discours positif sur la drogue. Cite tous les musiciens drogués qui lui ont transmis le meilleur de leur inspiration. Cite même Sartre et Van Gogh. Elle revit aussi son passé de fille de délinquants, dont elle a hérité son habileté à crocheter les serrures. Elle se lie avec Skip et, de cigarettes échangées en lit partagé, mijote avec lui un plan d’évasion, tandis que son nouvel ami lui confie que son père, un avocat corrompu, est un témoin protégé.

D’apparence lisse et tendre, le récit donne d’abord de la vie des junkies une vision d’un romantisme teinté d’admiration. Cependant, silencieux, le drame se noue au fil des pages pour n’éclater qu’une fois les dernières pages tournées. Les teintes pastel d’un dessin sobre et expressif cèdent parfois la place à des grisés représentatifs d’un passé soigneusement cultivé. Se surajoutant aux dialogues, les pensées de l’héroïne s’expriment dans des bandeaux soulignés de rose. (P.P. et H.T.)