Maudit soit l’espoir

SÖNMEZ Burhan

Il faut avoir une bonne dose de courage pour aller au terme de ce livre Ă©crit par un auteur pourtant renommĂ© en Turquie oĂč il est titulaire de prix prestigieux. Dans un ouvrage compact, Burhan Sommez raconte comment survivent quatre hommes sanguinolents, recroquevillĂ©s dans une cellule Ă©troite situĂ©e au troisiĂšme sous-sol d’une prison oĂč la torture la plus horrible et dĂ©gradante est de pratique courante. S’évadant le plus possible de la rĂ©alitĂ© qu’ils endurent avec courage, les prisonniers se racontent leurs histoires, amalgames pathĂ©tiques de leurs souvenirs personnels, de leurs rĂȘves, de leurs mimes et des lĂ©gendes qu’ils ont pu retenir ou qu’ils inventent plus ou moins : c’est en rĂȘvant libertĂ© qu’ ils conjurent l’avenir. Et, dans leurs rĂ©cits, la grande ville Istanbul est omniprĂ©sente. Elle est le prĂ©sent et le passĂ©, reprĂ©sentant en quelque sorte l’envers magnifique d’une rĂ©alitĂ© accablante qui les dĂ©truit. Heureusement, quelques expressions jaillissent parfois, par exemple « l’espoir est le mensonge des prĂ©dicateurs, des politiciens, des riches »  bien trop rares. (J.M. et S.L.)