Martin John

SCHOFIELD Anakana

Martin John habite Londres. Sa mère a fini par le chasser d’Irlande après une série d’incidents liés à un comportement sexuel déviant, passibles de poursuites judiciaires. Pourtant, le respect scrupuleux d’un rituel scandé par sa génitrice évite trop de débordements. Gardien de nuit, il gère des petites manies inoffensives : collectionneur compulsif de journaux, obsession pour le concours de l’Eurovision, phobie des mots commençant par P, etc. Mais lorsque Conscience Chauve, un nouveau locataire, entre dans sa vie, la paranoïa de Martin John atteint son paroxysme.  

Anakana Schofield, née en 1971, est irlando-canadienne. Martin John, second volume d’une tétralogie, a été finaliste du prix Giller en 2015. Nous sommes dans les années quatre-vingt : la politique d’austérité menée par Margaret Thatcher a entraîné la fermeture de nombreux hôpitaux psychiatriques. Le style surprenant, le langage cru et la mise en page inhabituelle semblent être le miroir du dysfonctionnement mental du héros. Le lecteur se sent personnellement impliqué dans la reconstitution d’un puzzle. L’ambiguïté de la relation fils-mère est palpable. Les défaillances de la société sont dénoncées avec un humour très grinçant. Une immersion inconfortable dans le monde des « fous » qui donne à réfléchir.  (A.-C.C.-M. et A.Be.)