Marivaudevilles de nuit

VEYRON Martin

Des couples se croisent, se font et se dĂ©font durant une nuit Ă  Paris, de bistro en scooter, d’ascenseur en commissariat, Ă©voquant l’état amoureux, la fidĂ©litĂ©, la sexualitĂ©. Attractions, faux-semblants et complications s’enchaĂźnent. En un plan sĂ©quence de 48 pages qui fait passer en douceur d’un personnage Ă  l’autre, dĂ©filent ces binĂŽmes ou trinĂŽmes plus ou moins hĂąbleurs ou honnĂȘtes, dĂ©pitĂ©s ou dĂ©sirants, plus prĂ©occupĂ©s de leur Ă©gocentrisme que de l’échange avec l’autre.

 

Martin Veyron offre une suite Ă  son ouvrage Marivaudevilles (de jour) que nous avions aimĂ©, apprĂ©ciant la justesse de ses observations, la finesse des analyses et leur humour. Il rĂ©cidive en nocturne en utilisant le mĂȘme procĂ©dĂ©. Était-ce la surprise, ou la lumiĂšre du jour qui donnaient une lĂ©gĂšretĂ© bienvenue, mais la virĂ©e de nuit est devenue pesante et l’humour Ă©pais. Il dissĂšque le couple bourgeois en une sĂ©rie de poncifs oĂč l’amour en est rĂ©duit Ă  une sexualitĂ© sans grĂące. On ne s’intĂ©resse plus guĂšre aux pĂ©ripĂ©ties des personnages, ni Ă  leurs interrogations bavardes et creuses. Le plan-sĂ©quence est honnĂȘte mais loin d’ĂȘtre vertigineux, le dessin ligne claire n’allĂšge pas le propos : vaudeville, oui. Quant Ă  Marivaux, qu’est devenu son esprit ?