L’oubli que nous serons

ABAD HĂ©ctor

Il aura fallu vingt ans Ă  l’auteur pour Ă©crire cet hommage Ă  son pĂšre, assassinĂ© en pleine rue dans les annĂ©es quatre-vingt en Colombie. « Nous voilĂ  devenus l’oubli que nous serons » est le premier vers d’un poĂšme de JosĂ© Luis Borges trouvĂ© dans la poche de son pĂšre le jour de sa mort. L’enfant qu’il Ă©tait, entourĂ© de femmes, avait pour seul dieu son pĂšre, un homme gĂ©nĂ©reux, tolĂ©rant et aimant qui, libĂ©ral, anticlĂ©rical, professeur de mĂ©decine hygiĂ©niste, s’était engagĂ© dĂšs ses Ă©tudes pour soulager la souffrance des plus pauvres.

 

Construit habilement, ce rĂ©cit est la chronique d’une histoire familiale remplie d’éclats de rire, de parties de campagne, de rosaires mais aussi de drames et un tĂ©moignage sur l’histoire du pays. Sans amertume ni revanche, il raconte avec sĂ©rĂ©nitĂ© et une grande dĂ©licatesse ce qu’il s’est passĂ©. Il rend hommage aux anonymes qui ont oeuvrĂ© pour un avenir meilleur, fait sortir de l’oubli les dĂ©fenseurs des droits de l’homme et nomme leurs assassins. Une tendresse pure imprĂšgne le portrait de ce pĂšre tant aimĂ© et admirĂ©. Un livre que l’on n’oublie pas…