L’ombre couvre leurs yeux

TREESE Élie

Une jolie femme arrive chez DĂ©miurge, un vieil homme qui vit dans un mobile home au milieu des marais. Il accepte de lui raconter ce qui s’est passĂ© vingt ans auparavant dans la riche propriĂ©tĂ© voisine, dĂ©truite par un incendie. Quelques jours avant le sinistre, Hector, l’un des fils du propriĂ©taire a mystĂ©rieusement disparu. Plusieurs jeunes gens du village cherchent Ă  rĂ©cupĂ©rer « la femme d’intĂ©rieur » un tableau de grande valeur acquis frauduleusement par le pĂšre d’Hector. Le destin est en marche. « L’ombre couvre leurs yeux », citation de l’Iliade, indique dĂšs le dĂ©part la volontĂ© de l’auteur d’en re-Ă©crire Ă  sa façon des Ă©pisodes et de donner un souffle Ă©pique Ă  son roman. Le rĂ©cit du vieillard, Ă  la premiĂšre personne, alterne avec l’histoire mouvementĂ©e, Ă©nigmatique et sanglante de la rĂ©cupĂ©ration du tableau, vieille de vingt ans. Dans son troisiĂšme roman, Elie Treese se rĂ©clame de Faulkner et Beckett, brouille la chronologie, cherche une nouvelle Ă©criture. Il casse les codes en mĂȘlant langue parlĂ©e, familiĂšre, pragmatique et phrases longues, travaillĂ©es, lyriques, correspondances savantes, mĂ©taphores et scĂšnes triviales. Une dĂ©marche intĂ©ressante mais exigeante mĂȘme pour le lecteur saisi par la beautĂ© Ă©trange et incantatoire du rĂ©cit. (C.P. et C.R.P.)