Lip, des héros ordinaires

GALANDON Laurent, VIDAL Damien

Besançon, avril 1973. Le groupe horloger suisse Ébauches annonce le licenciement de 480 des 1300 salariés de l’usine Lip, principalement des femmes. Solange ne pense qu’à son fils. Mais elle ne peut se désolidariser de ses amies. Elle écoute, des meneurs émergent. Elle les aide à cacher un stock de montres dans un monastère voisin. Mais son mari ne comprend pas, et la met à la porte. Heureusement le mouvement prend, malgré l’opposition frontale des CRS. Tout cela durera un an, laissant chez certains le souvenir d’un rêve autogestionnaire.

Préfacée par Jean-Luc Mélenchon, cette aventure est présentée du point de vue des employés. Ce fut une des premières fois où les salariés s’emparèrent d’une usine et la firent vivre, d’où des réactions désemparées et violentes des pouvoirs publics et du patronat. Le choix des auteurs de relater ce conflit à travers la vie quotidienne de Solange le rend plus accessible. Le dessin en noir et blanc s’accorde avec cette ambition d’un reportage sans fioriture, dépourvu d’émotion ; les traits et portraits restent sommaires. À lire comme un documentaire.