L’insouciance

TUIL Karine

À Paris se croisent les destins de trois hommes. Un lieutenant français revient brisĂ© par l’enfer vĂ©cu en Afghanistan et culpabilise de n’avoir pas su protĂ©ger ses hommes. Un PDG, Ă  qui tout rĂ©ussit, fait un faux pas et voit sa vie professionnelle compromise. Un animateur de banlieue d’origine ivoirienne, devenu conseiller du prĂ©sident de la RĂ©publique, connaĂźt des phases d’ascension et de disgrĂące. Leur passĂ© et leur vie sentimentale tissent entre eux des liens amicaux ou conflictuels.  Karine Tuil (L’invention de nos vies, NB octobre 2013) se penche sur les maux de notre monde, comme la guerre atroce engagĂ©e par les islamistes, et sur ceux, plus feutrĂ©s, de notre sociĂ©tĂ©. Les relents de racisme et d’antisĂ©mitisme, bien orchestrĂ©s par les mĂ©dias racoleurs, rĂ©pandent leurs miasmes mortifĂšres. L’ambition sociale, le goĂ»t du pouvoir et du sexe, l’amour de l’argent et du paraĂźtre gangrĂšnent une sociĂ©tĂ© narcissique et laminent les sentiments humains. Les personnages fĂ©minins frĂŽlent parfois le stĂ©rĂ©otype, mais restent Ă©mouvants. La narration, explicative, perd un peu en mystĂšre. Cependant, menĂ© avec une solide maĂźtrise de la dramaturgie et une intrigue parfaitement huilĂ©e, dans un tempo alerte d’un chapitre Ă  l’autre, ce gros roman ne se lĂąche pas. (L.K. et A.Le.)