Limon

En cinq nouvelles, Didier Desbrugères (La biographie, NB mars 2013) fait renaître la Grande Guerre, sa cohorte de souffrances inhumaines endurées par de simples soldats et celles, plus insidieuses, des familles vivant dans l’angoissante attente d’un courrier. Il trace des portraits attachants de ces hommes simples d’un immense courage qui, par fidélité à leur patrie, acceptent des situations intolérables. Il décrit des combats d’une violence inouïe et rend hommage à la vaillance d’hommes soutenus par la fraternité – désormais seul lien avec leur humanité. La noblesse de ces combattants contraste avec la fatuité et l’inconscience des gradés qui conduisent les opérations. L’auteur évoque avec empathie la vie des femmes confrontées à l’âpreté des travaux ruraux et qui redoutent la visite des veuves, émissaires de leur deuil. Situées à l’époque contemporaine, deux textes relatent par l’imaginaire ces batailles absurdes, d’une folie meurtrière. La langue souvent métaphorique ralentit parfois le rythme, mais la remarquable écriture étaye une narration dont la force de témoignage est bouleversante.