Lili Babylone

Dans la famille Roset, franco- algérienne, apparemment bien intégrée, l’ambiance n’est pas au beau fixe. Lili/Leila, l’aînée, au caractère de feu, refuse toute règle, et fait fréquemment trembler les murs de la tour n° 5 à Bobigny. Sa soeur Lou/Loubna, 15 ans, en vraie sensitive, se replie de plus en plus sur elle-même. C’est elle qui décrit les affrontements mère/fille, le jour où Lili, éprise d’absolu, rentre cheveux voilés, puis reçoit de son père, retourné en Algérie, une burqua.Vivant une sorte de non-existence, un beau soir, l’adolescente fait le mur… pour en découvrir un autre.

Lili est-elle vraiment l’héroïne du récit ? À qui et à quoi est due cette conversion brutale, Islam de conviction ou de défi. De fait, le sujet n’est pas vraiment traité. On n’entend que les cris, et parmi les conséquences, l’embarras et la crainte du prosélytisme à l’école. Loubna, elle, confie sa situation avec une sensibilité émouvante : les feuilles du jardin sont tombées de désespoir quand sa soeur est partie. Assaillie par d’incessantes vagues de doute, elle ne peut croire en l’amour de Bouba qu’elle a rencontré dans ses sorties nocturnes, taguant sur un mur la paix, la concorde, l’accueil du migrant. La vie dans la cité est évoquée par petites touches, hors des clichés de la délinquance, dans ce roman sensible et positif à l’écriture magnifique.