L’été de « La Tempête »

HIGGINSON Craig

La saison d’été commence à Stratford-upon-Avon. Harry Greenberg,  homme de théâtre très renommé en Angleterre, vient de terminer une mise en scène innovante de « La Tempête » de Shakespeare. Les représentations commencent, il vit dans son cottage à Stratford entouré dans le village de sa troupe de comédiens. Après trente années loin de l’Afrique du Sud, son pays d’origine, le vieil homme désabusé, reçoit de là-bas une lettre de la seule femme qu’il ait jamais aimé mais qu’il a fui pour d’obscures raisons. Le passé et le présent se rejoignent : pour cette saison, Harry a pour assistant, Thomas, amoureux fou d’une jeune première volage, qui n’a d’yeux, après avoir éconduit un certain Peter, que pour Kim, loueur de petites embarcations sur l’Avon. Peter, désespéré va se suicider de façon théâtrale, bouleversant l’équilibre de tous les personnages. Plusieurs années plus tard, Thomas se souvient et raconte, en trois parties (ou trois actes) cet été-là, étrange et dramatique…  Comme Thomas, l’auteur, lui-même sud-africain, a été l’assistant d’un grand metteur en scène de théâtre, puis a travaillé une dizaine d’années pour la Royal Shakespeare Company à Stratford. Ainsi son expérience personnelle nourrit-elle l’ambiance originale et le décor exclusif dans lesquels s’entremêlent histoires d’amour et trahisons, réflexions pertinentes sur le bonheur, le vieillissement, la paternité, la transmission et la mort. S’entrecroisent aussi, comme sur la scène de théâtre qu’est la vie, tous les genres et tous les âges. Et ce qui commence comme une comédie à la grâce aérienne vire au psychodrame, les marivaudages sur les rives aimables de l’Avon prenant au fil des pages des couleurs inquiétantes. Sur une trame et des thèmes très shakespeariens, un roman au charme hybride où espièglerie, rires et pleurs, générosité et noirceur alternent avec subtilité pour le grand bonheur des lecteurs-spectateurs. (T.R., A.Be. et C.G.)