Les vignes de Berlin : Mémoire tu t’appelleras – 1

RONDEAU Daniel

Daniel Rondeau remonte La marche du temps (NB novembre 2004) et reprend à ses débuts une autobiographie entamée avec son engagement soixante-huitard dans L’Enthousiasme. Il se situe dans la lignée de ses ancêtres, s’inscrit à son tour dans cette rude terre champenoise dont ils sont issus, manouvriers ou petits vignerons coutumiers de la pauvreté et de la patience dans une province labourée par les guerres et les invasions. Il se fond dans cette nature à Berlin, un coteau de Champagne. Lecteur assidu, il a formé là des rêves singuliers qui le condamnent à une solitude qui préfigure celle du romancier… Ce goût de la lecture, il l’a partagé avec son père, superbement évoqué : « hussard noir de la république », patriote, pacifiste, pour qui transmettre la morale républicaine et le respect de l’autre était un sacerdoce. Agréablement anachronique et désuet, le récit irrite par une langue tellement travaillée qu’elle en devient emphatique, une volonté trop évidente de s’ancrer dans le terroir et un manichéisme social simplificateur. L’auteur, populiste dans ses précédents ouvrages, est ici presque misérabiliste. Mais son livre exhale un parfum d’antan et un amour filial touchants.