Les Veuves du jeudi

PIÑEIRO Claudia

Dans un Ăźlot de prospĂ©ritĂ© de la banlieue de Buenos Aires – villas magnifiques, parcs paysagers, golf et courts de tennis – vit une petite sociĂ©tĂ© de nouveaux riches, venue se mettre Ă  l’abri de la pauvretĂ© et de la violence de la capitale, protĂ©gĂ©e « des autres » par des grilles et des vigiles. On vit entre soi, on partage invitations, activitĂ©s sportives et papotages. Lorsqu’un jeudi soir, des amis, rĂ©unis comme d’habitude entre hommes seulement – d’oĂč le titre Les Veuves du jeudi  –, sont retrouvĂ©s Ă©lectrocutĂ©s au fond d’une piscine, la façade se lĂ©zarde et laisse apparaĂźtre les faiblesses, les mesquineries et surtout les secrets des uns et des autres.

 

L’auteure, qui donne la parole Ă  ces femmes et Ă  ces hommes, dĂ©crit avec minutie et sans complaisance cette sociĂ©tĂ© du paraĂźtre : des privilĂ©giĂ©s ont cru pouvoir Ă©chapper Ă  la vraie vie et ont voulu sauver les apparences jusqu’Ă  l’absurde, jusqu’Ă  la mort. L’Ă©tude sociologique est claire, construite en parallĂšle avec l’évolution Ă©conomique de l’Argentine qui plonge au dĂ©but de ce siĂšcle dans un dĂ©sastre annoncĂ©. Mais l’efficacitĂ© du constat est affaiblie par les longueurs et les rĂ©pĂ©titions, dans un ouvrage qui manque finalement d’intensitĂ© romanesque.